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Orientation sexuelle et identité de genre dans les sondages

Orientation sexuelle et identité de genre dans les sondages

Selon notre dernière étude sur les sondages, au cours des dix dernières années, la manière d’aborder le genre a changé du tout au tout. Cette évolution reflète une mutation profonde de nos sociétés et un certain rejet des stéréotypes dans le monde. C’est l’occasion de faire le point sur les questions concernant l’orientation sexuelle et l’identité de genre (OSIG) et de se demander comment (et pourquoi !) les poser.

Pour éviter tout faux pas et traiter ces sujets sensibles avec tact et ouverture d’esprit, découvrez nos bonnes pratiques qui s’inspirent des résultats de différentes études récentes.

Notre dernière étude sur les sondages a mis en lumière une petite révolution concernant l’inclusivité. Il y a 10 ans, plus de 80 % des questions de sondage portant sur le genre ne proposaient que deux réponses : homme ou femme. En 2020, environ 55 % de ces questions avaient au moins trois choix de réponses. En 2022, cette proportion a atteint 64 %. Vu l’évolution des mentalités, cette tendance devrait se poursuive en 2023 et au-delà.

Alors que les clichés volent en éclats, de nouveaux termes apparaissent pour refléter la diversité des identités de genre. Adapter vos sondages à cette nouvelle norme n’a rien de compliqué. Il vous suffit d’ajouter des options de réponses pour permettre à vos participants de s’identifier comme ils le souhaitent.

Vous avez peur de heurter la sensibilité de vos participants en leur posant des questions sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre ? Pourtant, plusieurs études montrent que vous n’avez rien à craindre. En 2017, les analystes du Bureau du recensement américain ont tenté une expérience : ils voulaient vérifier si les participants étaient plus susceptibles d’ignorer les questions OSIG que d’autres questions sociodémographiques habituelles. Or, aucun élément n’est venu étayer cette supposition. En réalité, les participants ont été beaucoup plus nombreux à passer la question sur leurs revenus que celle sur leur identité de genre.

Des études plus récentes tirent la même conclusion. Aux États-Unis, les sondages statistiques fédéraux qui recueillent des données sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre montrent que contrairement à ce que vous pourriez croire, ce sont rarement ces questions qu’ignorent les participants.

Les choses bougent. De nos jours, les gens sont disposés à répondre aux questions sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Il est donc nécessaire de réfléchir à la meilleure manière de poser ces questions.

Notre étude sur les sondages montre que pour la première fois en 2021, la proportion de questions sur le genre proposant la réponse « Non binaire » (17 %) a dépassé les questions proposant la réponse « Autre » (13 %). En 2022, l’utilisation de la réponse « Autre » est restée stable, mais la réponse « Non binaire » a encore gagné du terrain pour atteindre 21 %. 

Quand vous rédigez des questions sur le genre et l’orientation sexuelle, il est très important d’utiliser un langage inclusif. Efforcez-vous de créer un contexte favorable à l’affirmation des identités et évitez d’enfermer les participants dans des cases. Penchons-nous sur deux versions de la même question :

  • Sélectionnez votre orientation sexuelle.
  • Parmi les options suivantes, laquelle représente le mieux votre orientation sexuelle ?

La première question présume que tous les participants se reconnaîtront dans les réponses présentées. Si vous ne proposez pas de champ de texte libre, les participants risquent de trouver votre question très restrictive. En revanche, la seconde formulation est plus ouverte. Vous demandez aux participants de sélectionner la réponse qui se rapproche le plus de la vision qu’ils ont d’eux-mêmes, au lieu de les forcer à choisir une étiquette unique. Dans tous les cas, nous vous conseillons d’inclure un champ de texte libre. Mais cette seconde version, formulée de manière plus souple, pose les bases d’une expérience de sondage inclusive.

Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance des questions ouvertes dans ce contexte. Si les participants ne trouvent pas de réponse qui leur correspond, un champ de texte leur permet d’exprimer leur genre ou leur orientation sexuelle avec leurs propres termes.

Question de sondage demandant « À quel genre vous identifiez-vous ? » avec les réponses Homme, Non-binaire, Femme, Je préfère me définir avec mes propres mots

Ces réponses sous forme de texte libre présentent un autre avantage de taille : elles vous aideront à déterminer les questions à poser dans vos prochains sondages. Dans leurs réponses en texte libre, certains participants utiliseront peut-être des termes dénigrants, péjoratifs ou dépassés, mais cela ne veut pas dire que vous devrez les réutiliser pour autant.

Pendant de nombreuses années, le sondage de l’institut Gallup comportait la question fermée suivante : « Vous identifiez-vous comme homosexuel(le), bisexuel(le) ou transgenre ? ». Si elle permet une estimation globale de la communauté LGBTQI+, cette question oublie les personnes qui se considèrent à la fois comme transgenres et hétérosexuelles.

Vous devez absolument éviter les questions doubles ou à deux volets. Il est donc important de ne pas demander aux participants leur orientation sexuelle et leur identité de genre dans une seule et même question. D’abord, l’identité de genre et l’orientation sexuelle ne sont pas systématiquement liées. Pire encore, vous risquez de compromettre la validité de vos résultats. Enfin, les participants pourraient percevoir cela comme un manque de respect ou du mégenrage, une forme de transphobie volontaire ou involontaire par laquelle on attribue à une personne un genre qui ne correspond pas à son identité de genre. Dans le cas de la question de l’institut Gallup, il vaudrait mieux couper la question en deux, de la manière suivante :

Capture d’écran de deux questions de sondage : Quelle est votre orientation sexuelle ? Vous considérez-vous comme transgenre ?

Pour créer un sondage inclusif, il existe un outil particulièrement utile : les branchements conditionnels. Supposons qu’un sondage pose une question sur l’identité de genre. Si une personne s’identifie comme « Non binaire » et que vous lui présentez ensuite une question axée soit sur la masculinité, soit sur la féminité, elle risque d’avoir l’impression que sa réponse n’a pas été prise en compte, et même que ce sondage ne s’adresse pas à elle. Grâce aux branchements conditionnels, vous pouvez ne présenter à chaque participant que les questions qui le concernent et ainsi offrir une expérience plus personnalisée.

Vos participants répondront plus volontiers aux questions OSIG s’ils savent pourquoi vous les posez et ce que vous ferez de leurs réponses. Essayez d’introduire ces questions en utilisant une expression comme « À des fins démographiques... » et exposez clairement l’objectif de votre sondage. Êtes-vous un responsable des RH désireux de savoir si les employés LGBTQI+ sont traités équitablement ? Effectuez-vous une étude de marché pour mieux comprendre le public de votre marque ? Faites preuve de transparence pour rassurer vos participants et booster votre taux de réponse.

Ici aussi, l’honnêteté paie. Même le programme pour l’équité LGBTQI+ publié par la Maison-Blanche inclut des directives concernant la protection de la confidentialité lors de la collecte de données OSIG.

Si votre sondage est anonyme, informez-en les participants le plus tôt possible, par exemple dans l’introduction par exemple. Ainsi, ils sauront que leurs réponses ne serviront pas à les identifier ou à forcer un « coming-out ».

Imaginons qu’une entreprise crée un sondage anonyme sur l’engagement de ses employés. Si elle ne compte qu’un commercial transgenre, cette personne risque de penser qu’en répondant à une question sur l’identité de genre, elle va compromettre l’anonymat de ses autres réponses.

Pensez à vous mettre à la place des participants et demandez-vous si une ou plusieurs de vos questions peuvent permettre de les identifier. Surmontez leurs réticences en proposant une réponse du type « Je préfère ne pas répondre » ou simplement en rendant la question facultative. Dans tous les cas, réfléchissez à l’impact potentiel des informations permettant d’identifier un participant sur l’ensemble de vos réponses et sur l’expérience globale de votre sondage.

Il existe de nombreux arguments en faveur des questions sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Toutefois, il est parfois plus judicieux de s’abstenir de poser ces questions.

Il s’agit en effet de sujets extrêmement personnels. À moins que ces données ne vous soient indispensables, mieux vaut éviter de telles intrusions dans la sphère privée des participants. Même si cela est vrai pour toutes les questions de votre sondage, nous vous conseillons de faire particulièrement attention aux données démographiques sensibles. La Campagne pour les droits de l’homme (Human Rights Campaign), groupe de défense des droits des personnes LGBTQI, a compilé un document présentant d’autres conseils sur la pertinence des questions LGBTQI+ et la manière de les formuler, avec des exemples détaillés.

Même si vous souhaitez collecter ces données dans un but précis, vous n’aurez pas toujours la possibilité logistique de le faire, par exemple pour des raisons de taille d’échantillon. Par exemple, pour obtenir des résultats représentatifs de la population américaine, nous pondérons nos sondages SurveyMonkey en fonction des caractéristiques sociodémographiques du Bureau américain du recensement. Or dans les questionnaires dudit Bureau, les participants peuvent uniquement s’identifier en tant qu’hommes ou femmes, ce qui a une incidence sur la pondération des réponses liées au genre des participants. Nous espérons d’ailleurs que le Bureau du recensement va bientôt se mettre à jour sur ce sujet et modifier ses choix de réponses. Une approche binaire est parfois inévitable, mais il est important d’en avoir conscience et d’en limiter les effets autant que possible.  

Si les données OSIG sont importantes pour votre sondage, n’hésitez pas à poser ces questions. Si vous avez des doutes sur leur formulation ou l’approche à adopter, la banque de questions SurveyMonkey peut vous aider. Nos exemples de questions couvrent de nombreux sujets délicats, notamment ce qui nous intéresse ici, mais aussi la religion et l’origine ethnique. Toutes nos questions sont rédigées et certifiées par nos experts.